Ginny Soskey

Littératures éparses et ultrapériphériques
Dans ce bel entretien mené par Daniel Morvan, publié dans le quotidien breton Ouest France du 20/08/2014, Sika Fakambi, doublement récompensée (Prix Baudelaire et Prix Laure Bataillon) pour sa traduction du roman Notre quelque part du Ghanéen Nii Ayikwei Parkes (Zulma), revient certes sur le défi du passage d'une langue littéraire à l'autre, mais surtout sur les mondes que ce passage fait éclore, révèle et pourquoi cette coexistence nous est nécessaire.
L'enfance béninoise d'une traductrice :
Parce que cette époque là, c'est aussi celle où j'ai pris conscience que je pouvais parler différentes langues et différents français selon que je m'adressais en français à mon frère, ma sur ou mes parents (un couple mixte), en mina à ma grand mère paternelle (qui vivait avec nous), en français de France à mes oncles, tantes et cousines parisiens lorsqu'ils venaient nous rendre visite ou que nous allions les voir.
En fon ou en français fongbétisé à mes cousins et copains béninois ou métis de Ouidah et Cotonou, en fon aux vendeuses de rue ou aux ouvriers de l'atelier de menuiserie que nous avions au fond du jardin, en fon très simplifié aux bouviers peuhl menant leur vaches dans les champs derrière la maison.
Alors je dirais que, en ce qui concerne le fait, pour moi, de traduire, tout s'est sans doute décidé là bas, dans cette enfance entre les langues et les cultures, et dont j'ai aimé précisément cela : être entre . Et pour traduire ce texte là, c'est sûrement aussi de cela que je me suis servi.
Traduire, cela peut aussi être augmenter le français, étranger le français . Faire entendre un français plus vaste qu'on ne nous le fait croire ou qu'on ne veut bien l'admettre : un français qui peut contenir des multitudes. sac femme marron
Ma libraire, ma voisine de quartier, Michèle, n'a pas en rayon le livre que je recherche, Hommes en guerre, d'Andreas Latzko, chez Agone, une 4ème édition de ce recueil de nouvelles pacifistes publié en Allemagne en 1917.
Voulant me rendre service la librairie de quartier est un vrai service public, amical et disponible elle m'oriente vers le site internet Paris librairies. Et là, je tombe à la renverse. Le slogan qui l'accompagne la plus grande librairie du monde ne semble même pas une plaisanterie.
On plonge dans une vitrine puis une boutique de boutiques de livres aux couloirs infinis. Je passe de Hommes en guerre, d'Andreas Latzko, que je déniche illico à deux pas de chez moi à La grande guerre des écrivains ; d'Apollinaire à Zweig, par Antoine Compagnon, chez Gallimard (le prof au Collège de France fait les bonnes ondes d'Inter cet été avec sa série sur Baudelaire).
A chaque référence, je peux téléphoner à la librairie pour réserver le titre ou envoyer un courriel ou encore le site me propose l'itinéraire à pied ou en voiture pour rejoindre la librairie.
Ce bonheur inépuisable on occulte très vite le prix des livres tellement ils sont accessibles ! est enivrant. On continue tout en écoutant RFI et son émission Comme en 14 sur la bataille des Dardanelles et on va chercher sur le Net (mais c'est presque comme si on allait en librairie) Le monde sans sommeil ; la contrainte ; au bord du lac Léman, de Stefan Zweig chez Payot, on retourne sur le site pour localiser : La Jordanie contestataire ; militants islamistes nationalistes et communistes, de Pénélope Larzillière, chez Actes Sud.
Et là on descend chez Michèle la libraire (le site m'apprend qu'elle a le tome 3 des uvres complètes de Camus, justement celui que je cherche). et je lui prends le Pléiade pour plus de 70 , ce qui n'est pas rien par les temps qui courent. C'est elle qui m'a envoyé le lien vers Paris librairies. En achetant chez la concurrence, je l'enrichis ! D'ailleurs, elle me le confirme : les clients circulent. Elle en voit de nouveaux qui traversent tout Paris parce que sa librairie a le titre recherché. Elle en envoie dans d'autres librairies. Tout le monde trouve son compte dans cette grande circulation du livre entre librairies indépendantes. Indépendantes, c'est à dire hors les grandes surfaces du livre, suivez mon regard.
Du coup, Michèle me donne un autre nom de réseau, Place des libraires. chaussure plateforme pas cher Les deux sites se complètent. Ce dernier est national. Il me fait basculer sur un titre que Michèle n'a pas, Meursault, contre enquête, de Kamel Daoud, qui donne un frère cadet à la victime du Meursault de L'Etranger. Une suite camusienne où l'Arabe de service a enfin un nom. Je pars aux "Buveurs d'encre", même arrondissement.
Bilan : quelques dizaines d'euros engagés à la découverte des librairies de Paris. Et c'est pas fini.
Ah ! J'oubliais : Michèle, c'est la librairie "Texture", dans le XIXe. Une mine.
Sur Paris librairies et sa genèse, lire l'article de Moahamed Aïssaoui (Le Figaro, 21/03/13)
On l'avait quittée il y a près d'un an à Brazzaville. Ifrikia Mockê est de retour. Elle porte le prénom de l'Afrique et lance Ifrikiamag, un magazine vidéo réalisé avec son téléphone portable : "Développer, inventer et façonner un journalisme africain indépendant, mobile, réactif, connecté au terrain et au monde: c'est là mon pari. Un pari que je relève sereine."
On lui souhaite de réussir, ce qui est déjà fait : oser n'est ce pas réussir ?
Voir le site d'Ifrikiamag et ses premiers posts : Robinson Solo, le slam revendicateur ("Le slam c'est mon passeport pour la liberté", annonce la slameuse de Brazza) ; Les 10 commandements et la prière du sapeur ; La religion de la sape ; Les secrets de la drague révélés.
Voir Brazza côté slam féminin : J'ai oublié de hacher mes rêves. [Papalagui, 22.09.13]
The Dreamers de Bill Viola par liberation
Après la visite de l'exposition rétrospective de Bill Viola au Grand Palais, lors de l'ultime journée et de sa séquence finale, intitulée Dreamers , montrant des rêveurs dans leur lit d'eau les recouvrant complètement comme s'ils étaient lovés dans leur liquide amniotique, puis apercevant dans le métro et sa touffeur d'été une lectrice assise alors que d'autres voyageurs restaient debout, de nombreux touristes serrés et en sueur, elle, paisible et absorbée par sa lecture, les yeux ouverts, absolument pas agités de soubresauts, le regard calme, dans une quiétude absolue, je pense aussitôt c'est là sa chance et sa vertu que la lecture est un rêve éveillé.
voir absolument : la recherche de Vivian Maier, un film qui enquête sur une personnalité hors du commun, méconnue jusqu'en 2007, alors découverte par John Maloof. Le film pose cette question : pourquoi l'une des photographes de rue parmi les plus importantes par le talent, parmi les plus ignorées du public et du monde de l'art a t elle pris 120 000 photos pendant trente ans qu'elle n'a pas exposé ! alors qu'elle gagnait sa vie comme nounou en Amérique ? Une démarche obsessionnelle, mais aussi le parcours d'une femme libre.
Ce documentaire de Charlie Siskel et John Maloof qui nous plonge dans la part d'ombre de Vivian Maier, que des professionnels comparent à Lisette Model, Helen Levitt ou encore Diane Arbus et Garry Winogrand.
Née à New York en 1926, elle passe une partie de son enfance en France, àSaint Julien en Champsaur, près de Gap (Hautes Alpes) avant de revenir dans sa ville natale en 1951, et de réaliser ses premières photographies. En 1956, elle s'installe à Chicago où elle demeure jusqu'à sa mort, dans l'anonymat, en 2009.
En raison de la grève au festival d'Avignon, le 12 juillet, les comédiens et les musiciens du Mahabharata Nalacharitam, qui aurait dû se jouer dans la carrière de Boulbon, se sont produits sur la place du Palais des papes. Les Japonais de la troupe du metteur en scène Satoshi Miyagi ont expliqué au public pourquoi ils sont venus jouer : Monter une pièce n'est pas simplement un acte offert aux spectateurs. Cela revient à remercier et à consoler toutes les présences, la nature qui nous entoure et l'espace qui fait vivre les êtres humains.
En passant du In au Off, le théâtre nous révèle une belle parole.
Le théâtre subventionné existe aussi en Nouvelle Calédonie. La distance qui sépare Nouméa et Avignon, le nombre d'interprètes quatorse , expliquent le budget important 100 000 euros nécessaire à la présence des artistes amateurs de Pas sur la bouche au Cabaret du Rouge Gorge.
Quatorze chanteurs et musiciens amateurs de l'atelier d'art lyrique du Conservatoire de musique et de danse de la Nouvelle Calédonie ont fait le déplacement au festival d'Avignon pour interpréter Pas sur la bouche , une opérette (théâtre musical et léger), écrite en 1925 par André Barde pour les paroles et Maurice Yvain pour la musique, qui avait été adaptée au cinéma par Alain Resnais en 2003 avec Sabine Azéma et Pierre Arditti.

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