Ginny Soskey

10 choses à savoir sur l'inévitable Takashi Murakami
1. chaussure moin cher Il aime la scatologie, le sperme et les peluches sous LSD
Toiles monumentales saturées de couleurs et de fleurs au sourire béat, vidéos dans le plus pur style kawaï (mignon) mettant en scène des créatures débiles et/ou droguées qui utilisent les excréments comme engrais, sculptures de monstres bigarrés, d'humanoïdes difformes, de figurines à la sexualité agressive, l'oeuvre de Takashi Murakami dépeint un monde orgiaque, halluciné et sans tabou. Car sous le vernis rutilant des couleurs pop, les mondes de l'artiste nippon n'en finissent pas de se déglinguer. Surenchère esthétique d'une imagerie manga déjà chargée, il faut vraiment avoir grandi dans les années 90 pour supporter cette débauche de couleurs flashy sans risquer la crise d'épilepsie. Takashi Murakami lui même, dans un entretien accordé à Elle, avoue qu'il trouve les vanités d'Andy Warhol assez "laides" mais que "tout le monde a l'air de les apprécier". Il conclue : "Au fond, c'est un peu comme ma peinture".
Takashi Murakami aime les métissages. Ses travaux sont pétris de références, de l'iconographie bouddhiste à la culture manga, en passant par les films de Stanley Kubrick et sans oublier les références aux maîtres anciens de la peinture japonaise tels Ogata Kôrin. Sous l'apparente facture industrielle de ses oeuvres se cache un délicat travail, mélange des techniques traditionnelles japonaises (notamment l'art de la peinture à la feuille d'or) et des technologies à la pointe.
3. Il faut un lexique pour décoder son oeuvre
Le commentaire des oeuvres de Takashi Murakami nécessite la maîtrise d'un vocabulaire à la limite de l'abscons, puisant dans le lexique ultra codifié du manga et des néologismes afférents. Par exemple, l'on pourrait écrire que Takashi Murakami, l'inventeur du Superflat qui travaille au sein de la Kaikai Kiki met en scène son alter ego Mr. Dob dans un univers kawaï, tableau qui est une critique de l'univers otaku. Mais bon, on ne le fera pas.
4. C'est l'un des artistes vivants les plus chers au monde
Sixième au classement mondial des artistes vivants les plus chers au monde à 47 ans (source : Christie's, 2009), Takashi Murakami est représenté par les galeries les plus influentes : le parisien Emmanuel Perrotin et l'américain Larry Gagosian se disputent ses faveurs. Des institutions culturelles réputées le MOCA de Los Angeles, le Guggenheim de Bilbao, la Serpentine Gallery à Londres, la Fondation Cartier à Paris lui ont prêté leurs cimaises pour des expositions monographiques. Ses oeuvres valent des millions sur le marché de l'art : My lonesome cowboy, sculpture d'un jeune homme qui fait de son sperme un lasso, s'est vendu pour plus de quinze millions de dollars.
5. Il possède un empire
Aux oubliettes, la vision surannée de l'artiste bohème qui crée dans la misère, seul, dans l'attente d'une éventuelle renommée. Takashi Murakami, à l'instar de Jeff Koons ou de Damien Hirst, est entrepreneur : il dirige une "compagnie de production d'oeuvres d'art" nommée Kaikai Kiki Co. Le but avoué de cette entreprise est de produire et promouvoir des oeuvres, de manager des projets comme des expositions, de produire et de vendre des marchandises (tels les nombreux produits dérivés des oeuvres de Takashi Murakami). Kaikai Kiki Co emploie environ une cinquantaine de personnes à Tokyo et une vingtaine dans ses studios de New York.
6. C'est un pur warholien
Une Kaikai Kiki Co qui ressemble étrangement à la Factory, une propension à s'acoquiner avec des célébrités et un travail basé sur le principe de la sérialité ainsi que sur la vente de produits dérivés (peluches, mugs, etc.) confèrent à Takashi Murakami un statut de digne successeur d'Andy Warhol.
7. Il maîtrise le name dropping
Takashi Murakami, bouille malicieuse, lunettes rondes et chignon de rigueur, côtoie la jet set et se shoote avec délectation au star system. Il réinterprète les sacs à main de Louis Vuitton avec des couleurs acidulées, il filme Kirsten Dunst en écolière japonaise écervelée, il photographie Britney Spears en petite fille dans une esthétique shojo (mangas pour filles), il réalise le clip Good Morning à la demande du rappeur Kanye West. chaussure bébé Entre autres.
Une des missions de Kaikai Kiki Co est le soutien à la jeune création japonaise. Takashi Murakami est également commissaire d'exposition et organise régulièrement des évènements de soutien pour ses jeunes poulains de l'art contemporain, comme par exemple le festival transdisciplinaire "Geisai". Docteur de la Tokyo National University of Fine Arts and Music, il est également étudiant en sociologie.
9. Pourquoi son oeuvre est pertinente
L'oeuvre de Takashi Murakami a plusieurs niveaux de lecture. Le premier niveau est la critique qu'il fait du monde des otaku ces fans de mangas qui ne vivent que pour leur passion en exagérant sa dérision et sa vacuité. L'ampleur de ce phénomène étant chose relativement étrangère à la plupart des occidentaux, l'acidité de sa critique peut se perdre en traversant les océans. Second niveau de lecture : à quel point la société de consommation et ses produits pop influent ils sur nos approches et nos goûts esthétiques ? Par exemple, ses sculptures humanoïdes posent la question des canons de beauté du futur. Troisième niveau de lecture : le syncrétisme qu'il opère entre haute culture et culture populaire, hissant cette dernière au pinacle des arts, pose la question de la légitimité de cette distinction, question qui agite actuellement les milieux intellectuels voir Frédéric Martel, auteur du récent ouvrage Mainstream : enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde, qui rejette cette démarcation, d'ailleurs inexistante dans certains pays du monde. Enfin, le franc succès que remportent les travaux de Takashi Murakami, sans parler de la spéculation dont ses oeuvres font l'objet, démontrent avec une ironie mordante la démesure et l'absurdité du star system et du marché de l'art.
10. Il expose à Versailles jusqu'au 12 décembre 2010
Succédant à Xavier Veilhan en 2009 et à Jeff Koons en 2008, Takashi Murakami investit le château de Versailles à son tour, pour une rencontre sacrément baroque.
Il est bien étrange que l'on éprouve le besoin de provoquer le public en installant dans les appartements royaux de Versailles des uvres aussi étrangères à ce lieu que celles de Jeff Koons et, aujourd'hui, de Takashi Murakami. Sans aucun doute, fallait il faire sentir au public ce à quoi du point de vue de la création artistique l'extraordinaire assemblage de Versailles devrait nous inciter à réfléchir.

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