Ginny Soskey

Robinson Crusoé retraversé
Il paraît qu'à 10 ans on ne lit pas les livres, on les vit; ce qui est une manière de suggérer par contraste que parvenu, à l'âge adulte, on se contente de les lire. Cette idée contestable s'expose dans la préface de Michel Déon à une nouvelle traduction de Robinson Crusoé (420 pages, 22 euros, Albin Michel). Ou plus exactement de La vie et les étranges et surprenantes aventures de Robinson Crusoé de York, matelot qui vécut vingt huit ans tout sur une île déserte sur la côte d'Amérique, près de l'embouchure du grand fleuve Orénoque, après avoir été jeté sur le rivage par un naufrage où tout l'équipage périt sauf lui, avec un récit de la façon dont il fut enfin étrangement délivré par les pirates, écrit par lui même ainsi qu'on pouvait le lire sur la couverture de l'édition de 1719 dans l'esprit et le ton de ce temps. N'en déplaise à Michel Déon, à nos âges diversement avancés, Robinson se vit encore et encore à la relecture. Grâces en soient rendues cette fois à la finesse de la traductrice Françoise du Sorbier.
Inutile de revenir sur l'histoire (ici le texte anglais dans l'édition originale) comme si vous ne la connaissiez pas, ce serait faire injure à votre enfance et à votre mémoire de ses morceaux, le naufrage, l'empreinte sur le sable, la rencontre avec Vendredi Qu'importe si tout le monde ne sait pas que l'île de Juan Fernandez, au large de la côté chilienne, a été abusivement rebaptisée l'île de Robinson Crusoé au motif que l'histoire personnelle d'Alexander Selkirk, qui y fut abandonné, fut de celles qui inspirèrent Daniel Foe dit De Foe ou Defoe (circa 1659 1731). Ce n'est donc pas le livre lui même qui peut être ici et maintenant l'objet d'une critique, mais sa nouvelle traduction et la manière dont elle résonne à nos oreilles; on le sait, toute traduction, même si elle s'en défend, reflète aussi l'époque à laquelle elle a été composée. Outre la publicité que lui a faite l'Emile de Rousseau qui y voyait le plus heureux traité d'éducation naturelle, rares sont les mythes littéraires qui ont connu une fortune aussi durable que celle de Robinson Crusoé né Kreutznaer. L'un ou l'autre, son nom n'était pas une pâte à néologisme, et son prénom à peine; on parle éventuellement de robinsonnade, pour désigner un récit d'aventures ou de vie loin de la civilisation en utilisant les seules ressources de la nature, mais guère de robinsonner.
Avant même de lire un roman dans sa totalité, il existe un moyen de se faire une idée de la qualité d'une traduction en s'en tenant au seul rendu de ses citations. Pour Defoe, on s'en tiendra à For sudden Joys, like Griefs, confound at first, vers d'un pamphlet de Robert Wild de 1672, que la traductrice donne ainsi:Car joie ou afflictions soudaines commencent par anéantir. Mais eu égard à l'abondance des citations bibliques, c'est plutôt de ce côté là que l'on ira voir; Françoise du Sorbier ne se référant pas à une édition précise de la Bible en français, on peut en conclure qu'elle les a elle même traduites: Appelle moi au jour de l'angoisse, je te délivrerai et tu me rendras gloire (Psaume, 50, 15); Jamais, jamais je ne te ferai défaut ni ne t'abandonnerai (Josué, 1.5.) et d'autres encore du côté de Luc, de Jonas, des Actes des Apôtres, de l'Exode et du Livre des Rois; et quand ce ne sont pas des citations pleines et entières, ce sont des emprunts qui truffent un passage, tel celui ci à la 1ère épître de saint Jean (2.16):
En premier lieu, j'étais ici à l'écart de la perversité du monde. Je n'avais ni la convoitise de la chair, ni celle des yeux, ni l'orgueil des biens. Je ne désirais rien car je possédais déjà tout ce dont je pouvais profiter: j'étais le seigneur de céans ou, si tel était mon bon plaisir, je pouvais me donner le titre de roi ou d'empereur de toute cette contrée dont j'avais la jouissance
Robinson Crusoé a été traduit en français aussitôt après sa parution en Angleterre. tout les sacs Dans une postface éclairante, la dernière traductrice en date rend hommage à ses prédécesseurs: Thémiseul de Saint Hyachinthe (on dirait un pseudonyme pour intervenaute de la République des livres!) et Julius Van Effen dont le texte se trouvait encore dans nos librairies au mitan du XXème siècle (quelle résistance à l'érosion du temps! à moins qu'il ne s'agisse que des facilités offertes par le domaine public); puis il y eut la poétesse Amable Tastu suivie surtout de Petrus Borel dont la version (on peut la lire ici intégralement) a fait autorité depuis 1836. Nos anglicistes la disent peu exacte, précieuse, généreuse en contresens et pour tout dire borélienne, ce qui était inévitable. Françoise du Sorbier a voulu rendre à Defoe ce qui lui appartenait: un style sec et nerveux, un rythme haletant au service d'un personnage tout le temps en mouvement, cette urgence qui saisit le lecteur et l'emporte toujours plus loin dans une action et une réflexion fiévreuses. Elle a parfaitement réussi le difficile exercice qui consiste à se tenir en équilibre réputé instable entre une langue archaïsante trop fidèle à celle du XVIIème siècle anglais, et une langue trop proche de nous. L'art de la traduction étant une affaire pneumatique, c'est d'abord à la respiration du texte qu'il convient d'être fidèle. Elle a secoué le texte pour en faire choir ses nombreux points virgules, retenu les termes techniques de marine les plus indispensables en les faisant suivre d'une explication en note et pris soin d'éviter tout anachronisme lexical. Rien ne se voit de ce travail qui rend admirablement la vitalité de Defoe, et la remarquable simplicité de son récit; au fond, tout ce qui fait sa fraîcheur. C'est si bien fait qu'on en oublie l'auteur tant il s'efface. Il en serait ravi, lui qui n'avait pas signé le livre sur la couverture, se dissimulant dans la préface sous l'éditeur afin de mieux donner l'impression que Robinson Crusoe avait écrit son autobiographie.
On découvre dans les remerciements que la traductrice a consulté un capitaine britannique pour l'aider à résoudre des problèmes de navigation ainsi qu'une géographe. Lawrence, Charles Dickens, Anthony Trollope, Elisabeth Gaskell ainsi que nombre d'auteurs contemporains, sans oublier Le Roi des pirates de Daniel Defoe, tout de même, m'avait confié son sentiment lors de mon enquête pour le rapport au CNL sur La condition du traducteur. Tout en se présentant comme une traductrice heureuse, elle déplorait que les éditeurs ne proposent pas aux traducteurs qui le souhaitent d'être payés en partie en voyages car rien ne vaut de visiter la région du roman à traduire pour s'en pénétrer, qu'il s'agisse des murs, des mentalités et de la langue. Elle aurait ainsi aimé se rendre en Louisiane avant de traduire Maîtresse (2004), le roman de Valérie Martin sur la fin de l'esclavagisme, ou au Nouveau Brunswick pour mieux comprendre les nouvelles d'Alistair MacLeod regroupées dans Chien d'hiver (2006). Son Robinson Crusoé se lit si bien qu'on peut se demander si elle ne l'a pas écrit en partie sur une île de la mer des Caraïbes, au sud de Trinidad, non loin de l'embouchure de l'Orénoque La part du rêve est sauve, celle de l'imaginaire revivifiée :
"Etant le troisième fils de la famille, je n'avais appris aucun métier et eus très tôt la tête emplie de pensées vagabondes. Mon père, qui était fort âgé, m'avait donné une éducation aussi convenable que peut l'être celle que l'on dispense à la maison et dans une école publique de campagne, et me destinait à l'étude des lois. mais rien ne me plaisait, hormis naviguer, et mon désir me poussait si fort contre la volonté et même les ordres de mon père, contre les prières et les sollicitations de ma mère, qu'il semblait y avoir une fatalité dans ce penchant naturel qui m'entraînait tout droit vers ma vie de malheurs à venir." (troisième paragraphe de la première page)
"Being the third Son of the Family, and not bred to any Trade, my Head began to be fill'd very early with rambling Thoughts: My Father, who was very ancient, had given me a competent Share of Learning, as far as House Education, and a Country Free School generally goes, and design'd me for the Law; but I would be satisfied with nothing but going to Sea, and my Inclination to this led me so strongly against the Will, nay, the Commands, of my Father, and against all the Entreaties and Perswasions of my Mother and other Friends, that there seem'd to be something fatal in that Propension of Nature tending directly to the Life of Misery which was to befal me."
(Photos de Elliott Erwitt, 1975 et 1977, by courtesy of Magnum; "Portrait de Daniel Defoe" par Sir Godfrey Kneller (style of), National Maritime Museum, Londres)
ma mémoire puis je là encore m fier? me chuchotant que j remarqué vraiment cette petite phrase dans une plaquette aux éditions complexe, je viens de chercher les éditions complexe sur la toile : et là , à la première page, je lis:
Les Mèires, la loi et les historiens
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Dans ce premier dossier, dèuvrez le texte officiel des lois incriminè, les pètions et les interventions de P. Assouline, E. Benbassa, G. Manceron, R. Rènd, H. Rousso et Y. Ternon.
je n pas envoyer le lien de crainte qu ne passe pas
Pour Defoe, on s'en tiendra à For sudden Joys, like Griefs, confound at first , vers d'un pamphlet de Robert Wild de 1672, que la traductrice donne ainsi : Car joie ou afflictions soudaines commencent par anéantir .
C très bien, même si anéantir sonne en français un peu trop philosophique (mais déjà possible quoiqu rare avant le 19ème, avec le sens qui nous est familier).
Le plus simple est évidemment de garder le mot confondre qui est exactement le même, à l
Car les joies soudaines, comme les afflictions, nous laissent d confondus Bon, que signifie se comporter en libéral (Defoe en était un, crénom, à sa manière)?
Cela signifie traverser le billet et rêver sur ce classique sans s à sa lisière, à une mauvaise odeur signée régniez.
Passer son chemin sans mot dire. (Que peut savoir ce sacristain à poitrine étroite des vastes horizons de la pneumatologie dogmatique?).
(Telegramme qui n rien à voir.
Inquiet accident Ardennes. Vous sais bonne conductrice, Daphnée, quoique tonique Sait capitaine Chaloux gentleman, incapable de déserter en life jacket. Contemple possibilité abus de drogues pour littéraires, coup de tête du dimanche soir, décision d remontrer au père Etiemble sur le mythe de R., etc.
Si l revisitait? Et lassé par l de cette métaphore, on ne reste pas, on part. On opte pour une retraversée
votre Mouron rouge. chaussure france )
sur qul'il s'agisse des murs, des mentalités et de la langue.
sur le mot mentalité précisément : je suppose qu est employé dans le sens où il est employé dans l histoire des mentalités . (de nombreux liens sur la toile, j vérifié)
il n reste pas moins que , même sans les souvenirs d enseignement que j suivi où furent autant rapportées que tues certaines paroles d de ce paroisse le mot a dans mes souvenirs telle charge que je le réprouve dans son usage commun, serait ce la mentalité d groupe comme les garçons de café auvergnats.

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