Ginny Soskey

Les petits arrangements des supermarchés avec leurs voleurs
Quand on se fait piquer en train de voler, qu'est ce qu'on risque: de la prison ou un règlement à l'amiable? Carrefour et Leclerc ont ils la même politique? Enquête.
Il est presque 20heures, et depuis ce matin elle a déjoué un nombre incroyable de vols dans sa boutique. Sylvie, gérante depuis 21ans du magasin G20à deux pas du métro Saint Paul à Paris, n'en peut plus:
Cet après midi, un homme a essayé de voler un sac à dos rempli de Bounty, de déodorants, de shampoings, etc . On l'a coincé et on a prévenu la police. Un peu plus tard, un autre voulait carrément partir avec un caddie plein de marchandises. J'ai dû le rattraper dans la rue.
Pour les commerçants, la fauche est un combat quotidien. Des techniques de surveillance (alarme, vidéosurveillance, antivol) de plus en plus sophistiquées sont mises en place. Des vigiles embauchés pour surveiller les rayons et les caisses. Les produits de grande valeur (alcool, piles, etc. chaussures hommes de luxe ) sont protégés par des verrous.
Les alcools dans des présentoirs fermés dans le magasin de Sylvie à Paris (Laure Beaulieu/Rue89)
Selon la loi, le vol est un délit, il est passible de trois ans d'emprisonnement et de 45000euros d'amende. Mais quand on se fait piquer en train de voler, qu'est ce que l'on risque réellement? De la prison? Ou une simple remontrance du directeur de magasin et un règlement de l'affaire à l'amiable?
Pour 300euros, j'appelle la police
Cet article est né parce qu'un matin, une journaliste de Rue89a raconté une scène dont elle venait d'être témoin dans un Franprix du XIe arrondissement. Une femme chinoise, ne parlant pas français, accompagnée d'une fillette, s'était fait contrôler par le vigile à la sortie des caisses. Elle avait glissé une bouteille de Yop dans son sac. Sans faire d'esclandre, le vigile lui a proposé de payer deux fois le prix du produit. Elle a accepté et est repartie avec son Yop. Les clients présents ont semblé approuver la transaction, mesurant qu'un passage par la case police, dans un quartier où vivent beaucoup de sans papiers, aurait été cher payé.
Un vigile d'un magasin de hard discount DIA du centre de Paris explique sa politique:
Quand je prends quelqu'un sur le fait, je n'appelle pas toujours la police, ça dépend des cas:
s'il est mineur, j'appelle;
s'il est majeur et qu'il paye le produit volé, je n'appelle pas. Ce n'est pas la peine de faire déplacer la police pour ça;
si le voleur est agressif, j'appelle.
Un autre vigile, chez Monoprix celui là, nous tient un discours presque similaire:
a dépend du montant. Pour 300euros par exemple, j'appelle la police. femme chaussure a dépend aussi si c'est la première fois qu'il vole ou pas et si le voleur est agressif. En fait, ça dépend surtout du directeur, c'est lui qui décide d'appeler ou non.
Pierre Antoine Mailfait, secrétaire général de l'Union des entreprises de sécurité privée (USP) reconnaît que:
C'est surtout le volume du vol qui importe. Par exemple, si c'est au dessus de 100euros, à Paris, le magasin appelle la police, en dessous non.
Pas le même risque chez Carrefour ou LeclercLa démarche à suivre est inscrite dans le cahier des charges des enseignes avec les entreprises de sécurité. Celles ci transmettent ensuite les consignes à leurs employés [les vigiles, ndlr]. I l y a autant de politiques que d'enseignes.
On ne risquerait donc pas la même chose à voler chez Carrefour ou chez Leclerc.
Au cours de cette enquête, nous avons tenté de prendre contact avec la plupart des enseignes de supermarchés françaises (Auchan, Carrefour, Casino, Leclerc, Franprix, Intermarché) mais aucune n'a souhaité répondre à nos questions, arguant le plus souvent ne pas communiquer sur les questions de sécurité.Certaines enseignes passent à une politique plus dissuasive. Dans ce cas, elles font moins ce que l'on appelle dans le jargon "l'arrière caisse", c'est à dire les vigiles positionnés après la caisse et mettent plus de monde dans les rayons pour surveiller.
Sur le terrain, les règles dépendent aussi et surtout du directeur de magasin, ajoute Pierre Antoine Mailfait:
Les directeurs de magasin pratiquent chacun leur politique, car ils connaissent leur clientèle et les environs de leur magasin.
Sylvie, par exemple, a ses propres techniques:
Pour les petits vols, je n'appelle pas. a ne sert à rien. La police a d'autres choses à faire, plus importantes. Je dis au voleur de tout laisser et de partir. Quand ils habitent le quartier, ils sont bien embêtés de revenir dans le magasin après.

chaussures femme italiennes | chaussures compensée