Ginny Soskey

La république des livres
Si l'Histoire a fait de Caligula un monstre, revenait il au théâtre d'en faire un homme? Lorsque Albert Camus s'est attaqué à la bête humaine, Hannah Arendt n'avait pas encore écrit dans son étude sur la banalité du mal:N'importe quel homme sans pour autant être un monstre exceptionnel a une capacité immense de faire le mal (Eichmann à Jérusalem). Camus sortait à peine de l'adolescence, il était en classe de Première supérieure, s'étourdissait dans la lecture de la Vie des douze Césarsde Suétone et n'en revenait pas que Caïus, fils de Germanicus et d'Agrippine, dit Caligula en raison des sandalettes qu'il ne quittait pas lorsqu'il arpentait tout jeune les champs de bataille avec les soldats dont il était la mascotte, ait eu un jour le front de lancer:Ils sont tous coupables!. Il en fut si marqué qu'en 1937, il échafauda sur l'un de ses petits carnets de projets le plan d'une pièce intitulée Caligula ou le sens de la mort. L'année suivante, elle était écrite mais inachevée. L'auteur avait 25 ans, et son héros 29 lorsqu'un complot sénatorial mit fin à ses jours et à son règne. En mars 1941, Camus nota: L'Absurde et le Pouvoir à creuser (cf Hitler). Toute sa vie, il ne cessa de la retravailler, de la retoucher, de l'amender. Pendant la guerre, il en accentua la dimension politique, et la veulerie de ceux qui se mettent au service des dictatures, tout en étant conscient qu'il aurait à traîner, dès lors et jusqu'à la fin de ses jours d'auteur, une réputation d'artisan du théâtre d'idées.
Ce n'est pas tant la pièce elle même,datée de 1944,que la découverte de sa dite version primitive de 1941 (rééditée avec un dossier par , 95 pages, 12 euros) qui a poussé Stéphane Olivié Bisson à s'en emparer pour la monter il y a trois mois au Théâtre de Colombes avant de la reprendre la semaine dernière au théâtre de l'Athénée Louis Jouvet à Paris (jusqu'au 5 février) et de l'emmener en tournéedans différentes villes de France. Ce Caligula, pour qui l'homme doit être économe ou César, il le voit comme le héros absurde d'une peinture de caractère et non comme l'antihéros d'une pièce philosophique. Un homme devenu un monstre pour chacun dès lors qu'il est livré à lui même. lunette de soleil versace Lorsque la pièce fut créée en 1945 au théâtre Hébertot, Camus l'évoqua comme un personnage pris par une rage de destruction qui le conduit au suicide supérieur, seule manière de demeurer fidèle à ce qu'il croit être et à sa négation des valeurs morales. On comprend que tant d'auteurs aient fantasmé sur un tel personnage (des archéologues assurent même avoir tout récemment découvert sa tombe à 30 kms de Rome).
En revenant à la toute première version du Caligula de Camus, imprégnée tant du souvenir des Vies de Suétone que de la lecture de l'Histoire romainede Don Cassius de Nicée, le metteur en scène a voulu mettre l'accent sur la sauvagerie poétique du texte éclipsée par son substrat politique. Le comédien Bruno Putzulu, à qui il a confié le rôle titre, ne l'incarne d'ailleurs pas toujours en tyran mais le plus souvent enune sorte de Christ du mal selon ses propres mots. Sur scène, durant les deux heures et vingt minutes que durent les quatre actes, il déploie autant d'énergie à manifester sa puissance, sa perversité et sa volonté d'humiliation qu'à exprimer sa douceur, se gardant bien de réduire les moment d'opacité de la pièce à la folie généralement prêtée à Caligula chaque fois que son comportement paraît inexplicable. Fou, celui qui ridiculisa les sénateurs en prostituant leurs femmes? Fou, celui qui se prenait pour Jupiter? Fou, celui qui sut se concilier le peuple par les jeux du cirque? Fou, cet homme si inconstant dans ses excès que ses courtisans ne savaient plus sur quel pied danser jusqu'à en perdre l'équilibre à l'égal de déséquilibrés? Fou ou provocateur de génie, de ceux qui ont tout compris et tout vomi de l'essence du pouvoir absolu, celui qui ne marquait véritablement de considération que pour Incitatus, son cheval? Avant que les lames des poignards ne le pénètrent, il était déjà mort de ses contradictions, alors même qu'il hurlait :"Je suis encore vivant !", fameux cri sur lequel la pièce s'achève.
C'est lorsqu'il s'impose autrement que comme un psychopathe qu'il est troublant. Plus il se rapproche de nous, plus il nous inquiète, plus il nous dérange et plus la pièce atteint sa vocation première. Car cet empereur avait une passion rentrée pour le théâtre. L'annonce de cette mise en abyme est l'écueil qui guette toute mise en scène de ce Caligula. Celle ci a trouvé la bonne mesure grâce à une troupe en parfaite osmose avec le rôle titre, des comédiens comme autant de constellations gravitant autour de cet aimant/repoussoir, dans une scénographie que Georges Vafias a imaginécomme une chambre d'enfant au sein d'un palais hanté par des patriciens. Un lieu étrange figé par le temps sous un ciel étoilé. Comme si Caligula les sandalettes n'avait jamais pu se défaire de la part monstrueuse de son enfance.
("Un Caligula chu de l'affiche du "Caligula Putzulu et sa soeur/amante Drusilla Cahen dans la pièce)
Légère acidité, corps et arôme délicat.
Une petite anecdote : une spécialité indienne est le café moussonné . Du temps de la marine à voile, il fallait environ 6 mois pour que le café expédié des Indes atteigne l'Europe. Durant cette longue période, l'humidité affectait le café en ce sens qu'il changeait de couleur : de vert à jaune doré, et acquérait un parfum spécial. Ce parfum unique manqua aux consommateurs quand le raccourcissement des temps de transport les en priva. L'Inde saisit alors l'occasion et profitade la mousson du sud ouest en mai juin pour l'obtenir artificiellement en 6 ou 7 semaines. Ainsi naquit le café moussonné .
Riche et corsé. Le meilleur est celui de Java. Il est souvent mélangé avec le café du Yémen.
Très réputé, un des cafés les plus recherchés pour sa richesse en arômes.
Goût dense, plein et net. Mais celui que je préfère, c le charmant sauvageon Héliogabale, un autre dingue deux siècles plus tard, spécialiste du culte orgiaque et du traineau féminin à quatre pattes : encore un marrant venu de Syrie, sauf erreur. Mort à 58 ans, probablement d'une hémorragie interne. L'homme était un clochard de l'Esplanade, drogué, alcoolique, solitaire, raconte Midi libre dans un très bel article rappelant le destin "hors norme" de Daniel Vermeille.
Car avant de devenir "le SDF du parking souterrain", Daniel Vermeille fut l'une des grandes figures du journalisme rock underground, "un copain de Keith Richards et d'Iggy Pop, une icône de la beat génération, un disciple de Phil Spector, un grand frère sulfureux pour une poignée de gamins de Sète", raconte Midi libre. Daniel Vermeille avait participé dans les années 1970 à l'aventure de la fondation de Rock Folk, devenant, notamment par ses articles sur les Rolling Stones, l'un des porte voix d'une génération "rock, punk, libre, déjantée, droguée, rebelle".
L'histoire "hors norme" de Vermeille, c'est aussi cette nuit du 26 au 27 septembre 1992 où, dans un appartement du Cap d'Adge, il tue sa petite amie d'un coup de canne après une soirée alcoolisée. site de chaussures pas cher Et tente, deux jours plus tard, de maquiller l'affaire en suicide. Sa condamnation à dix ans de prison, en 1997, marquera l'étape suivante de sa longue descente aux enfers.

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