Ginny Soskey

Notre ami Philippe Bilger se collardise
Il n'est pas facile de rendre compte du dernier livre de Philippe Bilger, ni même de le lire jusqu'au bout. D'abord parce que c'est un mauvais livre. Une trentaine de chapitres assez peu vertébrés qui dépassent rarement trois pages, pour ressasser un ressentiment obsessionnel contre Christiane Taubira que notre auteur, on l'aura compris, n'apprécie guère et qui semble nuitamment peupler ses cauchemars. Le bandeau de l'éditeur fait assez bien le tour de la pensée profonde de l'ouvrage, Taubira: carton rouge.
Sur le fond, Philippe Bilger enchaîne, avec un talent que n'a pas l'Institut pour la justice, les mêmes éternels poncifs de la droite contre la justice laxiste, au moment piquant où les prisons n'ont jamais été aussi pleines depuis la Libération et les peines prononcées de plus en plus longues les juges rouges ont dû s'assoupir devant le Mur des cons.
C'est d'autant plus difficile que Philippe Bilger a été grand magistrat, sensible, cultivé, touchant même, assurément d'une haute intelligence, pour qui nous étions nombreux à avoir de l'estime et vraiment de l'amitié. Il a par ailleurs une plume redoutable, occupe une place démesurée dans l'espace médiatique, et un bémol sur un de ses jugements engendre mécaniquement une volée de bois vert qui ferait passer la Bérézina pour l'épreuve de chasse neige des premières étoiles. Il insiste sur le caractère insupportable des attaques racistes contre Christiane Taubira, lui qui avait commis un tweet, qu'on dira avec mansuétude maladroit,
mais assure aujourd'hui que le racisme odieux dont elle a été victime ne visait pas la femme mais la ministre. Ce n'est pas parce que Christiane Taubira est noire qu'on la compare à une guenon, mais parce qu'elle n'a, en temps que ministre, que brassé du vent. Où s'égare le grand Philippe Bilger?
Il faut ainsi malheureusement s'arrêter sur ce petit livre, alors que d'autres analyses autrement pertinentes, mais ignorées, dégringolent tous les jours chez les éditeurs. Parce qu'il incarne à lui seul la lente dérive de ces personnages publics et influents qui, peut être à leur corps défendant, jettent des passerelles entre la droite et l'extrême droite. On sait la coupable affection que Philippe Bilger porte à Eric Zemmour ou à Robert Ménard, qui est à l'intelligence ce qu'il était au journalisme il en parle d'autant mieux qu'il n'en use guère. C'est triste à dire, mais Philippe Bilger se collardise.
Réfléchir sur la récidive
Entendons nous, il serait parfaitement sain qu'une intelligence de droite de ce calibre (on parle de Philippe Bilger) discute pied à pied des présupposés de la réforme pénale et des moyens de réduire la récidive: or il n'y a rien dans le livre, sinon un répétitif lamento sur cette gauche qui veut une sanction sans peine et s'apitoie sur les criminels pour conforter des théories fumeuses de petits bourgeois qui vivent dans les quartiers chics. C'est un peu court.
Il est parfaitement inutile de chercher à convaincre des gens qui par idéologie, accusent les contradicteurs d'être victimes de leur idéologie (et inversement c'est vrai), mais ce n'est pas dans le Figaro et Valeurs actuelles qu'on trouvera de quoi réfléchir sérieusement à la question. Quelques chiffres, si on veut revenir un instant sur terre.
Entre 2001 et 2012, le nombre de détenus a augmenté de 35%, la durée moyenne des peines d'emprisonnement a augmenté de 30% depuis 2007. Et qui sont ces dangereux criminels ? Pour moitié des gens qui ont commis des atteintes aux biens, et pas aux personnes ça ne veut pas dire qu'ils ne doivent pas être sanctionnés. 76% des délinquants sont restés moins d'un an en prison, 56% moins de six mois. Ils ont donc fini par sortir. La prison les a remis dans le droit chemin? 61% des sortants sont à nouveau condamnés à de la prison ferme dans les cinq ans. Si on leur a donné une chance, avec un sursis mise à l'épreuve, qui Dieu sait s'il est imparfait, ils ne sont plus que 32% à récidiver. On dira que ceux qui ont pu sortir étaient les moins dangereux: toutes les études internationales, détaillées par le menu lors de la Conférence de consensus dont se gausse Philippe Bilger qui n'en a pas lu une ligne, prouvent le contraire.
Qui va en prison ?
Qui récidive le plus? Les criminels? Non, les voleurs (à 23,6%) et ceux. qui ont commis des infractions au code de la route (14,9%). france chaussure A quoi sert de condamner un multi récidiviste de la conduite en état d'ivresse? Il ne vaut pas mieux lui imposer une peine de probation, un stage obligatoire chez les CRS des autoroutes ou à l'hôpital de Garches en essayant de le désintoxiquer? Qui va en prison? Les puissants? (parfois, et c'est le seul moyen d'améliorer les conditions de détention). Non, les pauvres et les fous. Ce n'est pas une vision droits de l'hommiste éthérée: le taux d'illettrisme des détenus est de 11%, le taux de chômeurs de 50%, au moins un trouble psychiatrique est identifié chez 8 détenus sur 10, le taux de schizophrénie est quatre fois plus fort que dans la population générale.
Alors qu'est ce qu'on fait? On continue à construire et remplir des prisons? Levons un nouvel impôt, puisqu'un détenu coûte en moyenne 38 000 euros par an, ce sera populaire. On essaie autre chose? Comme la Belgique, les Pays Bas, le Canada? Il n'est pire sourd que celui qui ne veut entendre. C'est dommage, on aurait besoin de l'intelligence des Philippe Bilger. Il ridiculise en passant le narcissisme (peu discutable) de Christiane Taubira, mais c'est aussitôt pour écrire sur Twitter
Rendez nous le Philippe Bilger qu'on aimait bien, s'il vous plaît.
La réplique de Denis Tillinac sur Atlantico.
Celle de William Goldnadel à Figarovox.
Le tout sauf la prison n pas aussi stupide, dans ses dernières extrêmités, que le tout carcéral M. Bilger n pas raison d sur le fait qu est infiniment dommageable que les peines soient si peu exécutées, si en retard? Il fustige surtout le JAP, qui met à mal l de la Justice : or, le projet de loi Taubira vise à renforcer encore ses prérogatives alors que ce dernier est seul, dans le secret de son cabinet, et surtout qu est totalement débordé, enfoui sous les dossiers. Est ce sain?
De même, l à l de la peine de probation ne peut qu mesuré : on voit mal ce qu apporte au droit positif.
Lorsqu voit des individus avec 10, 15, 20 infractions à leur compteur, et à qui on a donné toutes les chances du monde et toutes les peines de substitution possibles, ne peut on pas décemment penser que pour ceux là, c inutile? Que, d même la prison est inutile? Ceux qui font du délit un mode de vie ne sont pas tout à fait dans une situation comparable à celles et ceux s sur le chemin délictuel par extraordinaire. Accuser M. chaussures homme discount Bilger de ne rien connaître des réalités judiciaires, c être gonflé.
Enfin, quant au Monde, les critiques qui lui sont adressées sont elles forcément si injustes? De nombreuses personnes réalisent, petit à petit, le caractère orienté de ce journal, et surtout une forme d le mettant à l de toute autocritique. Sarkozy prend telle décision : c immonde. Valls fait pire : pas un mot.
Taubira, on peut la critiquer. Ses diplômes inexistants et ses accomodements avec cela, elle qui pourtant clamait la haute tenue morale de la Gauche ; son arrogance sereine ; la manipulation médiatique à l de l de la guenon lui permettant à peu de frais de faire le buzz et remobiliser la Gauche ( qui fut un cinglant échec. Comme quoi, pleurer à l puis au racisme, puis à l ne sert plus à masquer la nullité) ; ses mensonges éhontés lors de l des écoutes ; sa façon de se couvrir en virant ses subordonnés ; la façon dont ils ont été recasés ; la façon dont elle a enterré l du Mur des cons en saisissant le CSM de façon irrégulière, affaire qui pourtant constituait à tout le moins une atteinte au devoir de délicatesse s aux magistrats jusque dans leur vie privée ; son bilan anémique ; la façon totalement arrogante qu a eu de supprimer le timbre fiscal de 35, avancée magnifique vers l alors même que le Conseil constitutionnel (plus juriste qu a longuement expliqué en quoi cela ne portait en rien atteinte à l ou à l au droit. On peut multiplier les exemples. Et les enquêtes, elle n rien d sainte : son passé, tout comme d son présent (les malheurs d Baylet ou d Benguigui par exemple) mériteraient une investigation, et non un blanc seing.

vente en ligne de chaussures | chaussures été 2014 homme