Ginny Soskey

Les livres à lire cet été
THRILLER L'Enfant perdu de John Hart, traduit de l'anglais (tats Unis) par Sabine Boulongne, JC Lattès, 494 p. , 22 .
Un enfant disparaît et un thriller s'écrit. John Hart n'a pas failli à cette règle propre au genre dans son dernier livre couronné aux tats Unis par le très réputé Edgar Award. Il faut reconnaître qu'il a une manière très particulière de brosser le portrait d'une enfance dévastée, entre violence et enchantement. L'enfant disparue est Alyssa, une fillette de douze ans, volatilisée au retour de l'école, mais celui qui fait le roman est son frère jumeau qui croit pouvoir la retrouver même si un an a passé depuis. Dès les premières lignes, le petit Johnny s'en va t' en guerre, peintures d'Indien sur le visage, talisman autour du cou, il convoque les esprits de la nature pour l'aider dans sa quête. Les marais de Caroline du Nord ne servent pas seulement de décor à l'intrigue, ils enveloppent de vapeurs vénéneuses les pages de ce roman saisissant. Une mère à la dérive, un inspecteur opiniâtre, des policiers corrompus, quelques beaux salauds et la nature omniprésente sont les autres personnages de L'Enfant perdu. Toujours en retrait mais parfaitement esquissés, ils servent ou entravent l'avancée du petit homme. En mettant l'enfant au cur de son récit, John Hart renouvelle l'approche classique du thriller. Il introduit une puissante charge émotionnelle sans jamais sombrer dans l'artifice. Pour le reste, il connaît la petite musique qui accroche l'attention du lecteur. Le suspense ne faiblit jamais, les rebondissements s'enchaînent et la vérité jaillit à la toute fin du roman. Diabolique, s'il fallait l'ajouter.
Maria, Caroline et Marcus n'ont rien de commun, sinon un béant manque d'amour. Leur vie en est imprégnée à chaque instant, et c'est ce qui guide chacun de leur geste, chacune de leur pensée. Maria est une orpheline d'origine polonaise et jeune fille au pair d'une riche famille de San Francisco, elle est fascinante par sa beauté et le mystère de ses silences. Caroline est une trentenaire qui travaille dans la communication, elle sort d'une rupture sentimentale. Marcus est un animateur vedette de télévision, égocentrique et intervieweur agressif. La force du roman de Philippe Labro réside dans le portrait de ces trois personnages. L'écrivain a le goût du détail et de la phrase juste, visuelle. Ses attaques de chapitre sont exemplaires: elles happent le lecteur et ne le lâchent plus. La plume de Labro est une microcaméra qui scrute les visages et sonde les âmes. L'écrivain ne fait pas que raconter une histoire, il mêle des considérations sur la vie. Et, en filigrane, il brosse le portrait de notre société: solitaire et désabusée.
Plus de vingt cinq ans après sa sortie, voici enfin la réédition de ce récit dans lequel l'écrivain signe une manière d'autoportrait où se croisent admirations et dégoûts, illusions perdues et rêveries narquoises. Il rend hommage à ses maîtres (Drieu, Nimier, Frank, Fitzgerald, Truffaut, Bory), se console d'être né trop vieux dans un monde trop tarte en feuilletant ses souvenirs et en espérant que le reste de la partie mérite tout de même d'être joué. Les années soixante dix et quatre vingt défilent. Rien n'a vraiment changé. Caroline de Monaco, Isabelle Adjani, Sollers et même François Mitterrand sont toujours parmi nous. Entre ces pages, l'alcool coule à flots et les bobines de films déroulent des histoires plus aimables que la vie. Les petits matins flous ont un goût de cendre, la jeunesse n'est plus qu'un songe creux. ric Neuhoff promène sa mélancolie ricanante et sa nostalgie aussi tranchante qu'un rasoir. Ce tintement de cloche fêlée porté par un style impeccable ne vieillit jamais. partir de 13 ans.
Les enfants adorent les grandes vacances. Elles se suivent et se ressemblent jusqu'à l'été qui change tout. Il arrive généralement aux alentours de quinze ans, sans tambour ni trompette, annonçant la révolution des curs. Il en va ainsi pour Belly, qui passe chaque été au bord de la mer, dans la villa d'une amie et de ses deux fils. L'été de ses seize ans, la jeune fille arrive métamorphosée dans la maison de vacances. La petite a grandi et chacun réévalue sa place à l'aune de ce bouleversement. Tout est juste dans le roman de Jenny Han, qui évoque avec délicatesse la confusion des sentiments dans la tête et le cur des adolescents. Un beau récit initiatique que les grands enfants liront à l'unisson de leur été.
La Bretagne dans tous ses états, à savourer en lisant quelques uns des plus beaux textes de nos grands écrivains. Le recueil que propose notre collaborateur est réjouissant. Gustave Flaubert, Ernest Renan, Louis Guilloux ou encore Mona Ozouf et Denis Tillinac sont, parmi d'autres, conviés en toute amitié complice. L'extrait choisi dans le fameux Cheval d'orgueil de Pierre Jakez Hélias est particulièrement enchanteur. propos du vent breton, le grand écrivain écrit: Il gronde, il siffle, il chuinte, il miaule, il sanglote, il s'étouffe de rire, ().
De la dizaine d'années qu'il a passées en Chine, ce jeune trentenaire ramène ce beau récit dont le fil rouge est une traversée de l'empire du Milieu, d'est en ouest, à bord d'un side car en compagnie d'un ami français. Photographe et reporter, Constantin de Slizewicz ne se livre pas ici à un exercice journalistique, mais propose une rencontre littéraire, historique et poétique avec la Chine réelle. Pékin, il lui revient que le visage d'une ville change plus vite que le cur d'un mortel tandis que son portrait amoureux du Tibet déjoue les lieux communs occidentaux. Voici le souvenir des marins français naviguant sur le Yang Tsé Kiang et des dérives nocturnes évoquant celles du Singe en hiver de Blondin. rudit et truculent, Ivre de Chine dévoile les permanences et les mutations d'un pays à l'avenir imprévisible tout en nous invitant à prendre l'air du large, à laisser nos rêves s'emparer du sanglot de nos curs.
C'est à une réhabilitation vibrante de Napoléon III que procèdent Christian Estrosi et Raoul Mille. L'intérêt que l'actuel ministre de l'Industrie, également maire de Nice, et son conseiller municipal à la culture, portent au dernier empereur français, ne surprend pas. Le souverain fut en effet l'homme du rattachement du comté de Nice à la France en 1860. Mais, bien au delà de ce lien régional, les deux hommes rendent justice à celui qu'ils considèrent comme le chaînon manquant, ou plutôt oublié, de l'histoire de France, celui reliant le passé et la modernité . Malmené par l'histoire, ridiculisé par Victor Hugo qui l'affubla du perfide surnom de Napoléon le petit , les auteurs nous décrivent au contraire un dirigeant qui ne cessa d'être un homme de progrès. Dès qu'il fut élu président de la République, en 1850, Louis Napoléon Bonaparte décida de développer le chemin de fer. Autres grands travaux: l'amélioration du réseau routier, ou encore le drainage des marais de Sologne et des Landes. Quant au canal de Suez, Napoléon III, en 1864, relança le chantier en souscrivant 17700 actions à la Compagnie du canal. D'autre part, il soutint le développement du télégraphe électrique. Pour ce qui concerne la production industrielle, elle bondit. achat sac à main en ligne En matière sociale, le Second Empire, régime soi disant autoritaire , reconnaît le droit de grève le 25 mai 1864. Et, en avril 1867, une loi sur l'enseignement gratuit est édictée. Reste la terrible défaite de Sedan, celle d'un empereur qui ne voulait pourtant pas la guerre contre la Prusse.
Le vétéran des auteurs de polars français, né à Varsovie en 1923, parisien depuis 1930, survivant d'Auschwitz, est un passionné d'histoire. Il la raconte comme personne. La Commune de Paris, les tranchées, la révolution russe, les folles années 1920, la montée du nazisme, la guerre d'Espagne, la défaite de 1940 et l'exode, la collaboration, Stalingrad et Auschwitz, l'épuration Bialot a fait le pari de faire tout tenir dans un roman de près de sept cents pages. les chaussures pour hommes Et ça marche! Dès les premières pages, flash back sur l'horreur d'un dimanche de mai 1871 au cours duquel la Commune de Paris succomba aux assauts des versaillais et un gamin manqua d'y laisser sa peau, on sait qu'on ne lâchera pas cette histoire. Devenu un homme, Benoît Mongeon, l'enfant survivant du chaos, ne cessera de militer pour une société plus juste. ses enfants, à ses amis, il montrera l'exemple d'une grande honnêteté et d'un courage exemplaires. Mais l'histoire est cruelle et la famille Mongeon paiera au prix fort cette culture de résistance à l'injustice. travers les figures de Benoît, le patriarche, de ses fils Augustin et tienne, que tout oppose à l'exception de leur amour pour la belle Hortense, femme de cur émouvante, des petits fils et de leurs proches, ce sont tous les sentiments humains que l'écrivain dépeint avec force. Face à ces créatures imaginaires, il met en scène les acteurs réels de l'époque, artistes, truands, politiciens, hommes d'honneur et salauds, idéalistes et opportunistes. Malgré le sang, les sacrifices, l'ignominie, Bialot garde l'espoir. Martelée tout au long de sa formidable épopée, l'expression yiddish Lehaïm!, qui donne son titre au roman, le clôt en beauté.
Là, on entre en silence et douceur. Et s'apaise la colère. Et se décante l'âme. Dans ce petit ouvrage tout de tendre rêverie, Marie Rouanet s'est livrée à un enchaînement de brèves méditations poétiques sur le jardin privé, qu'il soit potager, fleuri ou arboré. Tiges, pétales, pistils, pousses, branches, taillis, courges, rhubarbes, cerisiers, vignes folles y sont évoqués, selon la course du soleil et le passage des saisons, finissantes ou naissantes. Y voisinent également des merles entreprenant une figue, quelques loriots, des rumeurs de lézards, d'insectes. Ailleurs, c'est un cours d'eau dont on ne sait que le murmure, à moins que ce ne soit une fontaine Sans oublier les indispensables ustensiles, meubles perdus, bêches tordues, seaux défoncés, casseroles sans queue, tabliers usagés, bouts de ficelle et autres objets remisés. C'est avec gourmandise et délectation que l'on découvre ces petits textes lumineux, à l'étrange sensualité, qui nous donnent cette envie: rejoindre au plus vite les premiers chemins buissonniers pour s'étendre dans un pré carré, où trône une maison accueillante. Et alors, au moment où la chaleur tombe, verticale, si on glisse la main sous les feuilles de la salade, du fraisier, sous les vastes feuilles des courgettes, on trouve, au revers, économisée, capturée, conservée, l'eau du dernier arrosage. Le livre peut également se lire comme un hymne bucolique au silence, à peine troublé par le gargouillis du tuyau d'arrosage ou le grattement du râteau.
JEUNESSE Les Nouvelles petites filles modèles de Rosalind Elland Goldsmith, Hachette Jeunesse, 320 p., 13,90 (à partir de dix ans).

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